Passager (création 2007) |
Véronique héberge Serge depuis quelques mois, dans sa vie et son appartement. Un matin, sur une querelle, Serge lui annonce son départ. Sans explication ? Rien n’est moins sûr avec Véronique. Avec humour, Passager parcourt un arc-en-ciel de sentiments fragiles, contradictoires, ambigus. Humains, tout simplement.
Quel est l'objet de Passager ? Prendre un peu de temps pour explorer un moment de vie sur lequel il est d’ordinaire préférable, dans les souvenirs privés comme dans les lieux publics, de ne pas s'attarder. L'instant exact, qui précisément dure bien plus qu’un instant, où deux cœurs s’apprêtent à rompre. Et y parviennent sans cesser de battre.
La littérature, le cinéma, le théâtre, sont prolixes en chefs d'oeuvres qui entourent cet instant-là. Mais l’escamotent. On préfère en rester aux abords : soupçons amoureux, scènes de ménages, dépits sentimentaux … Reste l'instant. Toujours lui. Cet instant-là. Où la rupture se consomme. D'une consommation guère adepte du fast food. Le "fast break" n’existe pas. Qui oserait dire le contraire ? Qui oserait prétendre que cet instant, ne dure qu’un instant ? Cet instant où tout se dit. Sauvagement. Drôlement, aussi. Parfois.
A bien y réfléchir, ç'en est même assez cocasse : la rupture est traitée d’ordinaire, en littérature, sur le mode du coup de foudre. Elle qui en respecte si peu les codes, la spontanéité, la fougue et le silence.
Véronique, l'un des personnages de Passager a ce cri, au milieu de la pièce : "Quand on se plaît, ça ne s’explique pas. C’est tout juste si on trouve assez de mots pour le dire. Ca dépasse. Ca se fait en silence. Mais quand on ne se plaît pas, quand on a fini de se plaire, alors là, oui. Là, il y a plein de mots. Il y en a presque trop. Là, on a besoin de s'expliquer. On a besoin de parler. Et il y a tout ce qu’il faut pour ça. C'est la vie, Serge : le plaisir, c’est le silence ; le dégoût, c'est le discours."
Passager est né de cette envie de chercher à donner à la rupture le rythme qui est le sien. Les mots qui lui sont propres. Et l’humour qui, malgré tout et dans les meilleurs des cas, lui sert d’élégance à défaut d’excuse.