Troie ou le Banquet des Dieux |
Comme chaque année, les Dieux célèbrent les fêtes Dionysiaques. Ils sont seuls sur le Mont Ida, maintenant que les hommes ne songent plus à leur rendre hommage. Du reste, tous les Dieux n'ont pas fait le déplacement : Hermès, divinité du commerce, est trop occupé, pendant cette période de l'année. Dionysos et Apollon sont là, par contre : la Fête et l'Art n'ont rien à faire sur terre, pendant que le commerce bat son plein.
Le dîner s'engage bien. Poséidon a ramené des produits de la mer. Apollon récite des vers. Des cadeaux sont échangés. Quelques divinités lointaines, comme Thétis, ont fait le déplacement. Zeus est d'humeur rêveuse. Il songe à ce jour où les hommes ont failli conclure la paix, au milieu de la guerre de Troie. C'est ce songe qui remet le feu aux poudres : petit à petit, la discussion va s'envenimer. Les souvenirs ressortent, comme à chaque réunion de famille divine.
Parallèlement à ces échanges entre divinités surgissent les scènes capitales, brutales, guerrières ou désespérées de la Guerre de Troie : l'armistice rompu, la colère d'Achille, l'intervention des Dieux dans les combats, l'intermédiation de Thétis, la quasi victoire des Troyens, la bravoure des deux camps, le fanatisme de quelques uns, l'affrontement de Patrocle et d'Hector, la mort de ce dernier sous les armes d'Achille, l'arrivée du cheval piégé …
Au total, cette pièce laisse songeur sur l'absurdité d'un conflit que les deux camps mènent sans cause réelle et sur la vanité d'un fanatisme censé se prolonger au nom des Dieux, alors qu'eux mêmes, sans savoir apaiser leurs médiocres querelles, sont fatigués de ces combats.
Cette pièce n’est pas seulement une lecture de la guerre de Troie : son texte se prête à plusieurs lectures possibles, sur les doutes des divinités, l'aveuglement des hommes, la nature précaire d'une cause présentée d'emblée comme juste, la furie de la création artistique et la répétition des mêmes figures d'affrontements.