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Richard Veneau, auteur provisoirement contemporainRichard Veneau, auteur provisoirement contemporain


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Passager (Avignon 2008) 
 

Intentions de l’auteur

« Qu’ai-je voulu faire avec Passager ? Tout simplement prendre un peu de temps pour explorer un moment de vie sur lequel il est d’ordinaire préférable de ne pas s’attarder. Dans des souvenirs intimes comme dans un écrit public. L’instant exact, qui précisément dure bien plus qu’un instant, où deux cœurs s’apprêtent à rompre. Et y parviennent sans cesser de battre.

La littérature, le cinéma, le théâtre, sont prolixes en chefs d’œuvres qui entourent cet instant-là. Et l’escamotent. Approches amoureuses, affinités électives, persévérance altière, stratégies séductrices : les abords de l’amour sont des lieux d’écriture très fréquentés. Scènes de ménages à répétitions, difficulté à vivre ensemble, réconciliations en pagaille et trahisons légères : les plages de l’amour sont depuis longtemps submergées d’un océan de mots. Dépits sentimentaux, désirs de reconquêtes, haines recuites, désespoirs inconsolés : les lendemains d’amour sont des jours de forte affluence artistique.

Reste l’instant. Toujours lui. Cet instant-là. Où la rupture se consomme. D’une consommation guère adepte du fast food. Le  « fast break » n’existe pas. Qui oserait dire le contraire ? Qui oserait prétendre que cet instant, j’y reviens, ne dure qu’un instant ? Cet instant où tout se dit. Longuement. Douloureusement. Drôlement, aussi. Parfois.

A bien y réfléchir, ç’en est même assez cocasse : la rupture est traitée d’ordinaire sur le mode du coup de foudre. Elle qui en respecte si peu les codes, la spontanéité, la fougue et le silence.

Véronique, l’un des personnages de Passager a ce cri, au milieu de la pièce :

« Quand on se plaît, ça ne s’explique pas. C’est tout juste si on trouve assez de mots pour le dire. Ca dépasse. Ca se fait en silence. Mais quand on ne se plaît pas, quand on a fini de se plaire, alors là, oui. Là, il y a plein de mots. Il y en a presque trop. Là, on a besoin de s’expliquer. On a besoin de parler. Et il y a tout ce qu’il faut pour ça. C’est la vie, Serge : le plaisir, c’est le silence ; le dégoût, c’est le discours. »

Passager est né de cette envie de chercher à donner à la rupture le rythme qui est le sien. Les mots qui lui sont propres. Et l’humour qui, malgré tout et dans les meilleurs des cas, lui laisse une ultime pudeur. »

 


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